L'imprimerie du diable

Avec méthode, quelques « experts » rédigent un ouvrage mettant en garde face aux activités du Malin. L’imprimerie, à ses débuts, va répandre la peur et les méthodes pour combattre le fl éau. Devinez qui en seront les victimes expiatoires ?

Reine vit chez ses tendres parents. C’est auprès de « la mère », l’aïeule aux connais- sances des secrets de la nature, qu’elle reçoit les enseignements prodigués. Car « la mère » est celle qui console, soigne et accompagne les naissances. L’appren- tissage durera toute une vie et Reine assurera, à son tour, ce rôle bienfaiteur au sein du village. De son côté, Étienne, jeune paysan, ayant acquis la maîtrise de l’écrit, aspire à une autre vie. Rongé par la colère depuis le décès de son épouse, son père refuse qu’il s’écarte de sa condition.

Séparation

Encouragé par Reine, clairvoyante, Étienne va quitter le village. Avant la séparation, l’union d’amour partagé scelle le destin des deux êtres. Son chemin mène Étienne à Genève, haut lieu d’une eff ervescence que l’invention récente de l’imprimerie génère. Remarqué pour ses qualités, il fait carrière au sein d’une maison d’édition.

Suspicion et démonologie

Lorsque des paysans abusés se révoltent, contestent la légitimité des proprié- taires terriens à agir ainsi, l’ordre social s’ébranle. Alors le pouvoir d’une minorité réprime ces errements dont le diable est nécessairement l’instigateur caché.Reine veille désormais sur le village, en dépit de l’opposition dogmatique du curé conscient toutefois de la validité des remèdes dispensés à ses ouailles. L’agression d’une jeune fille par 3 sou- dards incite Reine à intervenir en terri- fi ant les agresseurs. Cependant, la victime échappant au viol, apeurée par l’artifi ce utilisé, déclenche innocemment la suspi- cion, maladie collective foudroyante. Débute alors une chasse aux sorcières à laquelle le retour d’Étienne, devenu spé- cialiste en démonologie, participera au risque d’être l’artisan fatal du destin.

Le trait expressif d’Annabel insuffl e leur vitalité aux personnages et aux éléments de la nature. La prédominance des tons sombres permet la mise en valeur des éléments baignés de soleil ou de lumière intérieure. Ainsi, couleurs et mise en scène participent au climat émotionnel produit par ce récit de Virginie Greiner aux réso- nances contemporaines.

Article publié dans le Mag ZOO N°97 Mars-Avril 2024